Les bactériophages sont des virus parasites de bactéries qui se répliquent exclusivement dans leur hôte, avec une remarquable spécificité. Depuis près d’un siècle, des suspensions de phages sont utilisées dans certains pays d’Europe de l’Est (Russie et Géorgie) à des fins thérapeutiques comme traitement antibiotique. A présent, les phages sont incorporés dans les emballages alimentaires ou pansements, afin de réduire la prolifération des bactéries, comme par exemple
Escherichia coli,
Listeria et
Salmonella.
Récemment, des bactériophages ont été mis en œuvre comme élément de biodétection, à des fins de diagnostic. Mais il est nécessaire à la fois de les produire en grande quantité, et aussi de les immobiliser sur un capteur. A cet effet, les scientifiques du SyMMES/CREAB ont développé une méthode de purification de phages pour obtenir les particules virales actives en grand nombre. Et différentes modifications chimiques des bactériophages ont été testées afin de les immobiliser physiquement sur la surface dorée d’un biocapteur, tout en maintenant leur pouvoir infectieux. Les dispositifs bio-actifs ainsi obtenus montrent la plus forte densité de phage jamais décrite dans la littérature. Plusieurs biocapteurs ont ainsi été produits avec différents bactériophages pour prouver leur spécificité vis à vis de leur bactérie hôte.
Ces résultats pourront conduire à des dispositifs miniaturisés, fonctionnalisés par différents bactériophages, et permettant de tester plus rapidement, en quelques heures, la sensibilité d’une bactérie pathogène vis à vis d’un virus spécifique. Et puisque nous sommes confrontés à une croissance des souches antibio-résistantes, les phages représentent une sérieuse alternative comme traitement antibiotique, pourvu qu’ils puissent être produits à grande échelle, et de manière caractérisée et reproductible pour des fins thérapeutiques.
Vue d’artiste : explosion de bactéries après leur infection par un bactériophage. © Larry O C’onnell
Image MEB des bactériophages sur la surface recouverte d’or.