Afin de mieux comprendre les mécanismes conduisant à la modification de l'ADN, nous avons entrepris une étude portant sur des lignées cellulaires humaines représentatives des organes cibles (poumons et vessie). Nous avons montré que la formation d'adduits covalents était la voie néfaste majeure. Plus intéressant encore, nous avons observé que la formation d'adduits dans les cellules du poumon était plus grande à faible qu'à forte concentration de benzo[a]pyrène (B[a]P) qui sont les HAP les plus toxiques. En conséquence, un mélange de B[a]P avec d'autres HAP conduit à une diminution du niveau d'adduits par rapport à du B[a]P pur. Ce résultat inattendu s'explique par les propriétés de la métabolisation des cellules de poumons qui nécessitent un certain seuil de HAP pour assurer la pleine induction des protéines protectrices. Ces observations illustrent la difficulté de prédire la toxicité du mélange de composés. L'approche générale utilisant des " facteurs d'équivalence toxique " est basée sur des effets additifs, mais ne tient pas compte de la potentialisation des effets inhibiteurs observée avec les HAP. Des modèles plus sophistiqués nécessitant plus de données expérimentales sont nécessaires.